Inspiré de la nature – optimisé dans la pratique !

Les grands thèmes de l’élevage des veaux sont aujourd’hui la croissance saine, l’automatisation et la numérisation. Nous visons à mettre en œuvre les processus de la manière la plus économe possible en temps et en coûts et nous sommes parfois assez éloignés d’un élevage des veaux proche de la nature. D’un point de vue économique, cela se justifie pleinement et ne peut souvent pas fonctionner autrement.

D’autre part, la pratique agricole est de plus en plus souvent exposée aux critiques de la société. Que pouvons-nous ou devons- nous apprendre de la nature pour élever nos veaux en bonne santé et en faire des vaches laitières performantes ? Que pouvons-nous apprendre de l’élevage maternel, qui se rapproche le plus possible des conditions naturelles, et comment pouvons-nous appliquer ces connaissances à l’élevage « conventionnel » des veaux ?

Nous tentons de répondre à ces questions avec le NativeCalfConcept de Holm & Laue.

1. Un apport optimal de colostrum

On ne soulignera jamais assez l’importance du premier repas vital du veau juste après la naissance. En effet, il ne faut pas seulement considérer que le veau doit sa première immunité exclusivement au colostrum – dans la nature aussi, la première chose que fait le veau dès qu’il peut se tenir debout est de chercher la mamelle et ensuite de téter le colostrum.

Outre cet aspect naturel, vous devez également tenir compte du fait qu’à l’avenir, il y aura de moins en moins de médicaments (notamment d’antibiotiques) pouvant être utilisés dans l’agriculture. Par conséquent, le principe « mieux vaut prévenir que guérir » n’est pas seulement une attitude éthiquement correcte mais une réaction nécessaire aux possibilités limitées de traitement des maladies des veaux dans un avenir proche. Une immunité optimale des veaux favorise leur santé et les rend plus résistants aux agents pathogènes avec lesquels ils seront inévitablement en contact. Bien de choses ont été écrites et dites sur le bon mode d’approvisionnement en colostrum et sur le développement de l’immunité du veau. Il n’y a pas grand-chose à ajouter ! Juste un exemple : Godden et al 2019 : Colostrum Management for Dairy Calves.

Un apport correct de colostrum est la base de tous les autres éléments du NativeCalfConcept. C’est pourquoi nous souhaitons résumer ici les points les plus importants de la gestion du colostrum :

1.1. Meilleure qualité : 50 g d’IgG/litre

1.1.1. Teneur en immunoglobulines

La teneur en immunoglobulines du colostrum doit être contrôlée (à l’aide du réfractomètre Brix) et documentée. Si la teneur en IgG est de 50 g/l (ce qui correspond à un Brix > 22 %), le colostrum peut être utilisé comme premier repas. Si la qualité est inférieure, il faut se rabattre sur du colostrum de meilleure qualité provenant d’une réserve constituée ou s’assurer qu’au moins 4 litres sont effectivement absorbés (voir 1.2.).

1.1.2. Qualité hygiénique

Souvent, la qualité hygiénique du colostrum est sous-estimée. Comme dans le processus de traite normal, il convient de veiller à une propreté et une hygiène de la mamelle méticuleuses chez les vaches qui viennent de vêler. Ce n’est souvent pas facile lors de la traite dans le box de vêlage ! Les pichets de traite, les ustensiles de traite et les bouteilles ou seaux d’allaitement doivent également être nettoyés au mieux et désinfectés si nécessaire. Une hygiène insuffisante peut entraîner les problèmes suivants :

  • Les bactéries pénètrent dans la circulation sanguine du veau à travers la barrière intestinale ouverte, avant que celle-ci ne se referme après l’absorption des immunoglobulines.
  • Les immunoglobulines commencent à combattre les anticorps déjà dans le colostrum. De ce fait, ils ne sont plus disponibles ultérieurement pour être absorbés à travers la barrière intestinale. L’immunité passive du veau est donc moins bonne !

Si le colostrum chaud est conservé trop longtemps, les germes se multiplient (doublement de la population toutes les 20 minutes). Il convient donc de le réfrigérer s’il doit être consommé que quelques heures plus tard.

1.2. Quantité correcte : 4 litres

Pour obtenir une certaine quantité d’anticorps (immunoglobulines, notamment IgG) chez le veau, la quantité de colostrum est déterminante, en plus de sa qualité. L’objectif de consommation devrait être de 200 g d’IgG ! Pour une concentration souhaitée de 50 g d’IgG par litre, les veaux devraient donc consommer environ 4 litres de lait. Cette valeur dépend également de la taille du veau. Un chiffre approximatif : 10 % du poids à la naissance ! Toutefois, il convient de faciliter au maximum la tâche du personnel de terrain. Cela signifie : pas de calcul mental pour le personnel !

1.3. Moment optimal : 1. Heure de vie

Dans les premières heures de vie, les anticorps peuvent traverser la paroi intestinale grâce à un processus d’absorption particulier. Les protéines de grande taille comme les immunoglobulines peuvent traverser la paroi intestinale. Comme décrit plus haut, cela vaut également pour les bactéries et autres agents pathogènes. Par conséquent, ce « mécanisme » ne dure que quelques heures et la barrière intestinale se referme. Après 4 à 6 heures déjà, la capacité d’absorption des anticorps n’est plus que de 50 % de la capacité initiale directement après la naissance. 12 heures après l’accouchement, la fenêtre d’immunité passive s’est complètement fermée.

C’est pourquoi le moment optimal pour l’administration contrôlée de colostrum de haute qualité est la première heure de vie du veau. À ce moment-là, on observe également que le réflexe de succion du veau est encore suffisamment élevé, de sorte qu’il absorbe en général souvent lui-même les 4 litres requis.

En conclusion, on peut dire que :

L’apport de colostrum reste le facteur décisif qui permet au veau d’avoir un avenir sain. Chaque agricultrice et chaque agriculteur doit être prêt(e) à définir des étapes de travail clairement formulées et à en contrôler le succès.

2. Alimentation du lait de transit et du lait entier

Le lait de transit, le lait de la deuxième traite jusqu’à la première livraison à la laiterie, continue de contenir des ingrédients précieux tels que des anticorps et d’autres substances bioactives importantes qui ont un effet local positif dans l’intestin et favorisent le développement des villosités intestinales et du microbiome intestinal. Il devrait être distribué aussi longtemps que possible afin de continuer à favoriser une colonisation saine de la flore intestinale grâce à ses précieux ingrédients.

Ensuite, il est préférable de distribuer du lait entier. Le lait entier est parfaitement adapté aux enzymes digestives des jeunes veaux. En effet, les jeunes veaux ne peuvent digérer que de la caséine et du lactose de haute qualité. Jusqu’à l’âge de 4 à 5 semaines, le spectre enzymatique de la caillette ne permet pas encore la digestion des protéines végétales et des hydrates de carbone.

Exigences techniques :

Cependant, l’alimentation au lait entier implique un travail technique non négligeable pour le stockage, la préparation et l’allaitement.

Le Taxi-Lait est idéal pour réceptionner le lait en salle de traite ou au robot. La fonction de refroidissement du MTX-Pasteur permet de refroidir le lait pour le pasteuriser en toute sécurité avant la prochaine alimentation afin que les veaux ne soient pas confrontés à des germes nocifs.

Le D.A.L. doit remplir des conditions techniques plus importantes : les réservoirs doivent disposer d’une fonction de refroidissement, car le lait y est disponible pour l’alimentation des veaux pendant au moins 12 heures.

Dans l’idéal, le réservoir à lait communique avec le D.A.L. et lui envoie un signal lorsque le réservoir est vide. Ensuite, il faut le nettoyer et le remplir à nouveau. Grâce au nouveau concept « Smart-Lait entier », le D.A.L. CalfExpert sait même à l’avance combien de lait il reste dans le réservoir ou quand il sera probablement vide. En outre, CalfExpert calcule la quantité de lait nécessaire jusqu’au prochain remplissage.

Ainsi, on ne stocke jamais trop de lait, ce qui rend l’alimentation au lait entier très économique. Bien entendu, le CalfExpert a aussi la possibilité d’intégrer le réservoir à lait entier dans son propre nettoyage.

Vous trouverez les conditions techniques dont vous devez tenir compte pour réussir la gestion du lait entier avec le CalfExpert et le Taxi-Lait ici dans le Blog !

3. Le bon lactoremplaceur

Comme nous l’avons vu plus haut, les veaux ont besoin de caséine et de lactose pour une alimentation optimale au cours des 4 à 5 premières semaines de leur vie. Si l’on doit donner du lait de substitution dans la phase initiale parce qu’il n’est pas possible d’utiliser du lait entier, il faut veiller à la meilleure qualité et à la plus grande digestibilité pour les jeunes veaux. Tous les PdL ne remplissent pas ces conditions. Il convient donc d’examiner attentivement les ingrédients lors du choix du PdL. Le cas échéant, vous devriez également demander des informations supplémentaires à votre fournisseur de PdL, par exemple sur le point suivant :

3.1. Osmolalité du PdL :

Outre les teneurs en protéines, en matières grasses, en micronutriments, etc., il convient de tenir compte d’un autre point. Presque tous les PdL présentent une osmolalité élevée ! L’osmolalité est la concentration de parties solubles dans la masse d’un liquide. Lorsque des liquides de concentrations différentes (osmolalité) sont séparés par une membrane perméable, les liquides tentent de s’égaliser en termes de concentration en échangeant de l’eau. Si cela se produit par exemple dans l’intestin, où les cellules de la paroi intestinale et le sang ont une osmolalité inférieure à celle du PdL dissoute dans l’intestin, il peut y avoir une perte d’eau des cellules du corps vers l’intestin. Les conséquences peuvent être des selles liquides, voire des diarrhées.

L’osmolalité du sang est d’environ 350 mOsm/kg. On retrouve exactement la même valeur dans le lait entier. Ici, l’aliment naturel est donc parfaitement adapté aux besoins des veaux. Cependant, de nombreux lactoremplaceurs atteignent des valeurs de 600 mOsm/kg et plus.

Vous trouverez plus d’informations à ce sujet ici sur le blog de l’osmolalité.

3.2. Les graisses dans le PdL :

Contrairement aux protéines végétales et aux hydrates de carbone, les veaux peuvent très bien digérer les graisses végétales. C’est pourquoi de l’huile de palme, de la graisse de coco et des produits similaires sont ajoutés aux laits de substitution. Bien qu’elles soient de très bons aliments pour les veaux, elles sont de plus en plus critiquées, car la culture de ces plantes fourragères se fait souvent dans des conditions douteuses sur d’anciennes surfaces de forêt tropicale. Si nous discutons d’une alimentation de nos veaux qui soit la plus proche possible de la nature et donc aussi la plus respectueuse des ressources, il faudrait trouver des moyens de remplacer ces graisses par des plantes cultivées dans la région, comme le colza ou le tournesol. Des essais alimentaires actuels montrent toutefois que ces huiles végétales sont moins bien digérées par les veaux que les produits importés. La science et la recherche travaillent actuellement à la résolution du problème et tentent de préparer le produit de manière à le rendre plus digeste.

3.3. Le PdL est idéal pour le sevrage des veaux :

Nous ne voulons pas que l’on pense ici que les lactoremplaceurs ne sont pas adaptés à l’élevage des veaux. Au contraire. Utilisés judicieusement, les PdL sont une bonne base dans de nombreuses exploitations laitières et d’engraissement de veaux. De même, l’affirmation selon laquelle le lait entier serait parfaitement adapté à la digestion des veaux ne signifie pas que l’élevage des veaux ne fonctionne qu’avec du lait entier.

Le PdL convient très bien pour sevrer lentement les veaux plus âgés du lait. En particulier lorsque, comme décrit ci-dessous, de grandes quantités de lait (jusqu’à volonté) doivent être distribuées car il n’y a souvent pas assez de lait entier approprié pour nourrir tous les veaux.

Pendant la phase de sevrage, lorsque les veaux commencent à consommer des aliments concentrés, il est également possible d’utiliser des PdL dont la qualité est adaptée au nouveau spectre enzymatique des veaux (par exemple la poudre de petit-lait).

4. Transitions lentes d’un aliment à l’autre (par exemple du lait entier au PdL)

Si, comme décrit ci-dessus, différents aliments sont utilisés (lait entier et PdL), les transitions d’un aliment à l’autre doivent être aussi fluides que possible.

Le système digestif a souvent besoin d’une période d’adaptation de 5 à 10 jours pour s’adapter à de nouveaux aliments. Donc, si l’on passe du lait entier au PdL, il faut le faire progressivement.

C’est difficile avec le Taxi-Lait. Ici, on fait généralement un mélange avec la même composition pour tous les veaux. Les transitions lentes pour les veaux ne sont donc pas aisées.

Avec le D.A.L. CalfExpert, ces transitions sont toutefois très faciles à réaliser. Dans ce cas, des ajustements correspondants sont effectués dans la courbe d’alimentation. Chaque jour, le rapport de mélange des deux aliments change.

C’est d’ailleurs également possible en cas d’alimentation avec deux lactoremplaceurs différents. Un lactoremplaceur de qualité supérieure pour les jeunes veaux et un PdL adapté aux besoins des veaux sevrés.

5. La posture d’allaitement naturel du veau

L’allaitement devrait se faire sans exception à l’aide de tétines afin de satisfaire le besoin naturel de succion. L’allaitement au seau sans tétine n’est pas adapté à la physiologie des veaux et peut, dans le pire des cas, entraîner le passage de lait dans le rumen.

Comme nous voulons nous inspirer de la nature dans le NativeCalfConcept, nous avons prêté attention à la manière dont les veaux tètent leur mère. En général, les veaux rendent visite à leur mère plusieurs fois par jour (6 à 10 fois). Ils boivent alors pendant environ 5 à 10 minutes et absorbent environ 2 litres de lait. Ils doivent donc « travailler » très dur pour obtenir du lait. On peut le voir à la poussée qu’ils exercent aux mamelles et à l’intense production de salive.

Dans le NativeCalfConcept, nous recommandons de faire attention à trois faits :

5.1. Une hauteur de tétine adaptée :

La hauteur de la tétine du seau ou de la station d’alimentation ne doit pas être trop élevée. La hauteur idéale est d’environ 65 cm. Cela se rapproche beaucoup de la hauteur naturelle du trayon au niveau de la mamelle. Bien sûr, la hauteur de la tétine doit être adaptée à l’âge et à la race. Pour les jeunes veaux jersiais, des hauteurs de tétine plus basses sont peut-être aussi appropriées.

Sur la StationHygiène du CalfExpert, la tétine est en outre inclinée de 45° vers le bas. Cela incite le veau à allonger son cou. Cette position naturelle pour boire permet de soutenir de manière optimale le réflexe de fermeture de la gouttière œsophagienne et le lait est dirigé vers la caillette en passant par la panse.

5.2 Tétée intensive, faible vitesse de consommation :

Malgré la tétée intensive, les veaux absorbent très lentement le lait au niveau de la mamelle. Rarement plus de 300 à 500 ml par minute. Les veaux boivent souvent 1 000 ml et plus par minute aux seaux d’allaitement équipés de tétines faciles à manier. Cela fait plaisir à la personne qui alimente les veaux, car l’allaitement est vite fait. Ce n’est pourtant pas optimal pour la digestion. Il faut au contraire privilégier les tétines très difficiles à manier. Les veaux absorbent le lait plus lentement et produisent beaucoup de salive. Cette salive contient des enzymes qui aident à la digestion. Non seulement les graisses du lait sont décomposées par les lipases contenues dans la salive, mais le lactose est également mieux digéré.

Un autre avantage des tétines difficiles à manier est l’observation que les veaux se couchent souvent sur la paille, fatigués, après une longue tétée de la tétine. Il est alors rare d’observer des succions réciproques ou des léchages intensifs des équipements d’étable.

La vitesse d’allaitement peut être facilement observée au D.A.L. Elle devrait être en moyenne inférieure à 500 ml. Vous trouverez de plus amples informations sur l’allaitement lent sur le site web de la société Milk Bar .

5.3. De nombreuses petites portions :

Dans la nature, les veaux viennent voir leur mère plusieurs fois par jour pour boire du lait. Cela peut représenter 6 à 8 visites par jour. La caillette du veau nouveau-né ne contient qu’environ 2 litres. Mais ce volume n’est pas le seul à limiter l’absorption naturelle de lait. Même chez les veaux plus âgés dont la caillette est plus grande, de petites quantités de lait d’environ 2 litres par repas assurent un pH plus stable dans la caillette. De grandes quantités de lait entraînent une forte baisse du pH dans le milieu acide de la caillette et une longue pause jusqu’au prochain repas fait remonter fortement le pH. Outre des problèmes de digestion, cela peut entraîner des ulcères gastriques et d’autres troubles. L’idéal serait donc de prendre 4 à 6 repas de 2 à 2,5 l répartis sur la journée. Cela peut être fait sur le D.A.L. CalfExpert par des réglages correspondants dans la courbe d’alimentation. Avec l’allaitement au seau, c’est possible de manière limitée avec du lait acidifié et de l’allaitement à volonté, mais cela doit être bien contrôlé.

6. Programmation métabolique

De grandes quantités de buvée d’au moins 10 à 12 litres de lait par jour favorisent la croissance des veaux. Cela a un effet positif à long terme sur le développement ultérieur de la génisse, jusqu’à la production laitière de la vache laitière en lactation. Ces conclusions sont étayées par de nombreuses études internationales et sont largement confirmées dans la pratique.

En outre, la disponibilité illimitée de lait est un besoin tout à fait normal pour les jeunes mammifères. À l’exception des bovins, il n’existe aucune espèce d’animal d’élevage pour laquelle l’offre alimentaire pour les nouveau-nés est limitée. Une offre suffisante de lait est donc également une exigence éthique que nous devrions imposer aux jeunes veaux.

Si les veaux se voient proposer du lait à volonté, ils en boivent entre 8 et 10 litres au cours de leur première semaine de vie. Au cours des semaines suivantes, cette quantité augmente parfois jusqu’à plus de 15 litres. Si les points mentionnés ci-dessus concernant la qualité du lait et le mode d’administration sont respectés, ces quantités de lait peuvent être distribuées sans problème.

Deux critiques sont toutefois régulièrement formulées :

6.1. Le coût élevé de l’allaitement à volonté :

Le fait est que ce type d’allaitement augmente considérablement les coûts d’alimentation des jeunes animaux. De plus, on critique souvent le fait que l’allaitement au seau laisse des restes de lait dans le seau, qui sont souvent jetés. Dans ce cas, le CalfExpert présente des avantages par rapport à l’allaitement au seau, car il n’y a pas de restes de lait. Seule la quantité que les veaux peuvent ingérer est mélangée.

Avec le PdL, les coûts supplémentaires par veau peuvent tout à fait atteindre 50 à 100 euros. Cela représente un doublement des coûts d’alimentation ! Ces coûts sont toutefois plus que compensés par :

  • des frais vétérinaires moindres et une meilleure santé des veaux,
  • des coûts d’élevage réduits grâce à un âge plus précoce au premier vêlage,
  • un revenu plus élevé grâce à une production laitière plus importante,
  • des effectifs de jeunes bovins réduits grâce à une meilleure longévité du troupeau.

Les avantages biologiques et économiques de la programmation métabolique ont été démontrés dans des dizaines d’études à travers le monde. On peut citer par exemple l’étude la plus complète « Preweaning milk replacer intake and effects on long-term productivity of dairy calves » de Soberon et.al.

6.2. Consommation tardive de concentré :

Il est souvent mentionné comme objectif d’élevage que les veaux doivent commencer tôt à consommer du concentré. Or, une consommation élevée de lait, comme c’est le cas avec l’allaitement à volonté, retarde cette ingestion de concentré.

Des études ont toutefois montré que les veaux allaités intensivement ont une consommation élevée d’aliments plus tard. Cela semble être dû au fait que la digestion et l’ensemble du métabolisme sont habitués à transformer de nombreuses substances nutritives. Cela pourrait également être la raison pour laquelle les vaches en lactation produisent plus de lait plus tard. Il semble qu’elles transforment mieux l’offre en nutriments en quantité de lait.

Vous trouverez de plus amples informations sur l’allaitement à volonté dans cet article de blog.

7. Sevrage tardif et lent à 12 jusqu'à 14 semaines

Le système digestif des veaux/génisses n’atteint sa pleine maturité que vers 4 à 6 mois. Ce n’est qu’à cet âge que les proportions des différents estomacs des bovins correspondent à celles des vaches adultes. Inversement, cela signifie que ce n’est qu’à partir de cet âge que les veaux peuvent digérer le fourrage grossier et le concentré aussi bien que les vaches adultes. Cela pourrait aussi signifier par contre que les veaux doivent être nourris au lait jusqu’à cet âge pour pouvoir se développer sans entrave. Du moins en partie.

Traditionnellement, les veaux sont sevrés à l’âge de 8 à 10 semaines. Dans certains pays, le sevrage a même lieu plus tôt. Il ne faut toutefois pas oublier que les veaux ne commencent à développer des enzymes capables de décomposer les protéines végétales et les hydrates de carbone qu’à partir de 4 à 5 semaines. Comme décrit ci-dessus, il faut ensuite de nombreuses semaines pour que le jeune bovin soit totalement indépendant de l’alimentation lactée dans la nature. Si le veau est sevré du lait dès l’âge de 8 à 10 semaines, le système digestif est souvent surchargé et il se produit ce que l’on appelle le « coude de sevrage », au cours duquel le veau cesse de grandir ou perd même du poids pendant 1 à 2 semaines. Cela montre qu’à cet âge, le veau ne peut pas encore remplacer complètement la perte d’énergie du lait par des aliments végétaux. La situation devient également dramatique pour le veau lorsque le sevrage est très brusque, par exemple en supprimant tout simplement un repas entier.

Un autre effet mis en évidence par des études récentes est l’acidose latente qui peut se produire chez les veaux : en raison de la privation de lait, le veau a faim et consomme en général rapidement des quantités plus importantes de concentrés (ce qui est tout à fait le but de cette mesure). Dans le rumen, la dégradation de l’amidon, des sucres et des hydrates de carbone produit de grandes quantités d’acides gras à chaîne courte, que le rumen peut ne pas être en mesure de tamponner. Cela peut entraîner une acidose du rumen. Si les acides gras parviennent également dans l’intestin, une acidose du gros intestin peut se produire. (Neubauer et al 2020: Starch-Rich Diet Induced Rumen Acidosis and Hindgut Dysbiosis in Dairy Cows of Different Lactations)

Cependant, dans la plupart des cas, cela passe inaperçu et les veaux souffrent d’une acidose subclinique. Des inflammations intestinales et d’autres dommages peuvent en résulter.

Cela ne signifie pas toujours qu’il faille effectivement donner du lait jusqu’à 6 mois. Dans de bonnes conditions, les veaux peuvent être complètement sevrés du lait plus tôt. Nous recommandons donc de commencer à environ 5 à 6 semaines et de réduire progressivement la quantité de lait. La phase de sevrage peut alors tout à fait durer 6 à 7 semaines supplémentaires. Ainsi, les veaux s’habituent lentement à consommer des aliments secs tout en continuant à recevoir du lait hautement digestible pendant un certain temps.

Vous trouverez dans cet article de blog les autres points auxquels vous devez veiller lors de la planification d’une courbe d’alimentation appropriée.

8. L’objectif : un ruminant en bonne santé !

8.1. Consommation de concentré : nous avons déjà évoqué le danger d’une consommation trop précoce et trop rapide de concentré dans le dernier point. Enfin, l’objectif de tout éleveur bovin et de toute éleveuse bovine est d’élever des ruminants en bonne santé. C’est pourquoi il est important de proposer aux veaux le bon fourrage sec, surtout pendant la phase de sevrage. Il est important de proposer aux veaux des composants alimentaires faciles à digérer qui n’entraînent pas l’acidose décrite ci-dessus. Par exemple, les fournisseurs d’énergie comme le maïs et l’avoine sont nettement plus adaptés à l’alimentation des veaux que l’amidon de blé très rapidement disponible.

Dans notre série de blogs en trois parties, nous abordons spécifiquement le thème de l’alimentation avec des concentrés. Cliquez ici pour accéder à la première partie.

8.2. Foin, paille ou ensilage ?

Il est bien connu que les bovins sont des utilisateurs idéaux de fibres brutes. C’est pourquoi nous voyons souvent avec incompréhension certains conseillers en alimentation qui veulent retarder le plus possible l’offre de foin, de paille ou d’ensilage et proposer aux veaux uniquement des aliments concentrés. Pour nous, l’offre de fibres brutes bien structurées dans du bon foin ou de la paille hachée fait partie de l’alimentation des veaux. Sans fibres brutes, c’est surtout la paroi de la panse qui ne peut pas bien se développer. En effet, la rumination dépend de la force de contraction du rumen.

En outre, en l’absence de fourrage grossier, les veaux risquent de couvrir leurs besoins naturels en fourrage structuré en mangeant de la litière souillée.

9. Élevage des jeunes veaux en lots

Dans la nature, la mère et le veau nouveau-né sont séparés du troupeau pendant quelques jours après la naissance. Cela protège le jeune veau et renforce son lien avec sa mère. Plus tard, dans le troupeau, on peut observer une nouvelle séparation. Cette fois-ci, ce sont les veaux qui se séparent du troupeau de vaches en lots de même âge et qui explorent le monde ensemble.

Ces deux observations donnent de bonnes indications sur la manière dont un élevage en lot sans stress des veaux peut fonctionner dans les exploitations laitières modernes.

  1. Si la séparation de la vache et du veau après la naissance est prévue par l’exploitation, il est judicieux de mettre à côté du veau un autre animal avec lequel il peut interagir et créer un lien social. Dans ce cas, la douleur de la séparation du veau après la naissance n’est souvent pas perceptible. De petits lots de 2 à 3 veaux conviennent ici. Chez la mère, la douleur de la séparation est plus importante. Si la séparation n’a lieu qu’après un ou deux jours, elle est beaucoup plus marquée, car un lien plus fort s’est déjà développé.
  2. Dans le lot, les veaux doivent avoir suffisamment d’espace pour courir et des incitations à s’occuper. Les veaux ont besoin d’espaces protégés pour se coucher, dormir et se reposer, d’endroits où manger sans être dérangés et de beaucoup d’espace pour se mouvoir sans entrave. La différence d’âge ne doit pas être trop importante. L’idéal est une différence d’âge de 2 semaines maximum. Cela signifie que les lots ne doivent pas être trop grands en fonction de la taille de l’exploitation. L’espace disponible pour les veaux devrait être compris entre 2,5 et 4 m² par veau.

Ce qui semblait d’abord être un « compromis » typique, à savoir passer de l’élevage individuel à l’élevage en lot le plus petit possible avec 2 veaux (« élevage en Twin ou en couple »), a fait ses preuves dans la pratique. Les veaux développent un bon comportement social et profitent les uns des autres. Des études scientifiques montrent également que les veaux élevés en couple mangent mieux et prennent plus de poids que les veaux élevés seuls. Voici quelques dates dans le blog.

10. D.A.L. à partir du 3ème jour

L’élevage en TwinHutches ou même en petits lots jusqu’à 5 veaux présente toutefois quelques points faibles, car il est généralement basé sur des seaux d’allaitement. Si l’on veut tenir compte de tous les points mentionnés ci-dessus concernant l’allaitement naturel avec un changement d’aliment en douceur et de nombreuses petites portions, on ne peut guère éviter l’utilisation d’un D.A.L.

Jusqu’à présent, la pratique courante consiste à ne familiariser les veaux au D.A.L. qu’après 2 à 3 semaines. À ce moment-là, les veaux sont transférés des cabanes individuelles ou Twin vers le lot plus grand. Cela implique toutefois un surcroît de travail considérable, car les veaux doivent être habitués à deux systèmes d’allaitement différents (d’abord le seau à tétine, puis la station d’alimentation).

Entre-temps, de nombreuses exploitations utilisent le CalfExpert dès le troisième jour. Dans les parcs simples ou doubles, les veaux sont d’abord nourris au biberon pendant deux jours. Le troisième jour, ils sont habitués au CalfExpert. Les veaux en bonne santé boivent jusqu’à 10 l de lait par jour dès la première semaine de vie, lorsqu’ils sont alimentés par le D.A.L.

Les critiques de cette formation précoce de lots argumentent que les veaux doivent d’abord développer leur immunité avant d’être placés dans un lot. Cependant, avec un très bon approvisionnement en colostrum, comme décrit ci-dessus, ces inquiétudes ne sont pas fondées.

Pour que cela fonctionne bien, la taille du lot ne devrait pas dépasser 15 veaux. Même plus tard, il n’est pas judicieux de fusionner deux lots. C’est pourquoi nous recommandons dans le NativeCalfConcept une taille de lot maximale de 15 animaux. Idéalement, la différence d’âge dans le lot ne devrait pas dépasser trois semaines. Cette recommandation a deux conséquences logiques :

  1. La taille du lot peut également être inférieure à 15 veaux si moins de veaux femelles naissent au cours des trois semaines.
  2. Pour une phase d’allaitement de 10 à 11 semaines, il faut quatre lots, c’est-à-dire quatre stations d’alimentation ! (1. lot : 1 à 3 semaines, 2ème lot : 4 à 6 semaines, 3ème lot : 7 à 9 semaines, 4ème lot : 10 à 11 semaines, plus 1 semaine de nettoyage et de non-occupation).

Si les phases d’allaitement sont plus longues, il faut davantage de lots et donc un D.A.L. supplémentaire.

Même si cette recommandation semble coûteuse à première vue, une analyse économique globale montre que la réduction du travail et la baisse des frais vétérinaires sont généralement en faveur du D.A.L.

Conclusion de Holm & Laue NativeCalfConcept

L’orientation vers les besoins réels et naturels des veaux en matière d’alimentation et d’interaction sociale avec d’autres veaux dans un élevage en lot adapté à l’espèce offre le maximum de bien-être animal possible dans les exploitations laitières conventionnelles.

Les avantages économiques pour l’entreprise sont également évidents. En effet, malgré l’augmentation des coûts due à une alimentation plus intensive et plus longue des veaux, il est possible d’obtenir plus tard des coûts plus faibles (grâce à une meilleure santé, une meilleure fertilité et une longévité accrue) et des rendements plus élevés (grâce à une production de lait plus élevée jusqu’à la 2ème lactation) en sont les conséquences.

C’est donc gagnant-gagnant pour l’agriculteur/l’agricultrice et l’animal !

Gestion du tarissement et des naissances

Par souci d’exhaustivité, nous souhaitons aborder ici les points les plus importants avant la naissance – car la santé du veau dépend aussi de la santé de la vache mère ainsi que d’une bonne gestion de la naissance.

A) Gestion du tarissement sans stress pour que le fœtus se développe au mieux

La vie du veau ne commence pas à la naissance mais dès la fécondation de l’ovule. Même si le fœtus est protégé de manière optimale dans l’utérus, l’élevage et l’alimentation de la vache mère peuvent avoir une grande influence sur le développement du veau avant et après la naissance (pré- et postnatal).

  1. Influence de l’alimentation sur le développement du fœtus : pendant la phase de tarissement, une alimentation des vaches en deux phases a fait ses preuves. 6 à 8 semaines avant le vêlage, une ration pauvre en énergie est distribuée afin d’éviter l’engraissement des vaches et les problèmes de mise bas qui en découlent pour le veau et les problèmes métaboliques pour la vache. Au cours des trois dernières semaines, le fœtus grandit beaucoup. L’alimentation des vaches doit donc évoluer en conséquence. Dans ce cas, les vaches doivent être ramenées progressivement à la ration de lactation.
  2. Influence du stress sur le développement du fœtus : les études de B. Dado-Sehn et al 2022 et Laporta et al 2017 montrent que les veaux dont les mères en fin de grossesse ont souffert de stress thermique pendant la haute gestation se développent moins bien. Une moins bonne immunité et une faible croissance peuvent en résulter. C’est pourquoi il est important de protéger également les séchoirs de la chaleur en été.
  3. Influence sur la qualité du colostrum : l’influence de l’alimentation des vaches taries sur la qualité du colostrum n’est pas clairement démontrée. Ce qui est certain, c’est qu’une montée de lait importante juste après l’accouchement entraîne une dilution du colostrum. Les quantités de colostrum de plus de 10 l dans la première traite ont souvent une concentration d’IgG trop faible.

Un apport suffisant en bêta-carotène aurait une influence positive sur la qualité. La vaccination de la vache, par exemple avec RotaCorona, n’augmente pas la proportion d’anticorps mais assure une adaptation spécifique des globulines à ces agents pathogènes.

Le stress pendant la phase de tarissement a également une influence négative sur la qualité du premier colostrum.

B) Gestion de l’accouchement

La naissance d’un veau représente un défi de taille pour la gestion d’une exploitation laitière. Elle ne peut pas être planifiée dans le travail quotidien. Tant la durée que le déroulement de l’accouchement sont totalement imprévisibles.

En principe, les vaches devraient vêler seules et dans la grande majorité des cas, c’est possible. Parfois, l’aide à l’accouchement est nécessaire et des procédures clairement définies et pratiquées peuvent alors aider. Il existe de nombreuses instructions, procédures d'exploitation normalisées ou vidéos très bien faites sur Internet concernant la gestion optimale pendant la naissance du veau. Comme exemple dans l’espace germanophone, on peut par exemple citer la brochure très claire de Dr. Katharina Traulsen und Dr. Marion Tischer en collaboration avec Boehringer Igelheim. Le lecteur est également invité à consulter le cours vidéo très complet sur la gestion des naissances de l’« Initiative Tierwohl ».

Pour les pays anglophones, les informations de Charles T. Estill « The calving process » spar exemple, sont très détaillées.

C’est pourquoi nous ne voulons pas nous y attarder ici et laissons ce domaine à d’autres experts.

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